Ariège sous la pluie

À peine ais-je ouvert les yeux, que j'entends la pluie sur le toit du refuge d'Aula. Super la journée s'annonce humide, un coup d'œil par la fenêtre, une belle brume bien dense. Chaussures graissées, je sors du refuge en poncho et j'attaque la grande marche qui m'attend, pas certain d'arriver à Auzat ce soir mais je vais essayer. La progression est difficile, le sol argileux est gorgé d'eau, ça glisse sévère ! J'arrive à midi à Couflens, où je fais du stop pour gagner du temps. En vain, personne ne circule dans ces vallées perdues, ou bien tout le monde déjeune en profitant du premier rayon de soleil de la journée. La Vie ne veut pas que je fasse du stop cette fois-ci, alors je continue la marche le long du GR10 : "tiens, ça t'apprendra, flemmard" me dis-je d'un ton amusé. Qu'à cela ne tienne, la pluie ayant cessée, j'y vois là un signe, car il est pénible de grimper à toute vitesse sous un vêtement de pluie hermétique ! Arrivé au col, un troupeau de brebis fait la sieste tranquillement. Une brebis fraîchement morte de la nuit gis à quelques mètres de ses congénères à sang chaud qui la regardent avec une attention certaine. Je me demande ce qu'il se passe dans leur tête à ce moment, ont-elles conscience de la mort ? Quelques minutes plus tard, je croise les bergers qui s'en vont justement constater la bête. Nous échangeons pendant l'averse au moment où j'ai passé le col, un signe encore ! J'apprécie vraiment discuter avec tous ces bergers, ce métier me fascine de plus en plus... un jour peut-être. Dans la vallée, je réalise qu'il me reste encore 2 cols à passer avant Auzat... Bien embêté, je me demande comment je vais faire vu le faible nombre de voitures qui transite dans ce coin de l'Ariège. Soudain, un homme conduisant une sorte de véhicule tout terrain arrive dans ma direction et me propose de m'avancer. J'hésite, puis je trouve l'idée marrante, hop le saute dans la benne :-) Au final, il me monte jusqu'au col de Latrape où je n'ai plus qu'à descendre jusqu'à Aulus-les-Bains par une piste VTT très grasse, mon bâton me sauve la vie plusieurs fois, sympa le ski sur boue. Arrivé dans ce petit village, l'averse tombe à nouveau. Je me laisse tenter par une nuit au sec au gîte de la Goulue où je rencontre des randonneurs du GR10 : Jesper le danois, et Olivier. On rigole bien, c'est vraiment sympa ces rencontres.